TransitionS : un processus systémique et indispensable
J’ai la chance de travailler régulièrement avec Pascale Repellin, d’Alterre BFC, notamment dans les travaux de l’Observatoire de la Transition Socioécologique en BFC.
Cette collègue voulait monter un dossier sur la transition dans leur revue, et m’a demandé d’en travailler le cadre ensemble. Nous avons donc conçu et rédigé ensemble cette page introductive avec cette première illustration :
Nous avions ensuite rédigé :
Des experts de différentes disciplines font aujourd’hui l’analyse que de multiples transitions sont en cours dans les diverses facettes de la vie : s’alimenter, échanger, vivre, se soigner et s’organiser ensemble, s’instruire et éduquer.
Ces multiples transitions – et multiples défis – constituent un ensemble de transformations qui s’articulent entre elles au sein d’un même système et semblent nous amener à une seule et « grande transition », comme l’exprime la Société française de prospective dans son ouvrage « La Grande Transition de l’Humanité« .
À titre d’illustration, une monnaie complémentaire utilisée par des réseaux favorables à une agriculture paysanne ou de proximité (AMAP, locavores…) va soutenir les producteurs locaux et contribuer à alimenter sainement la population locale. S’activent alors plusieurs axes de transitions : monétaire, économique, écologique, alimentaire, sanitaire, solidaire, démocratique…
Dès le début du XXe siècle est apparue la nécessité d’un équilibre vers une forme d’humanité post-industrielle,
réconciliant la production avec nos besoins essentiels. Même si nos civilisations peinent encore aujourd’hui à
mesurer l’étendue des enjeux, l’attention du grand public se réveille graduellement depuis les années 1990. Depuis 10 ans, de nombreux citoyens agissent localement dans divers mouvements de transitions, notamment dans notre région.
Il est maintenant urgent que l’humain prenne conscience, comprenne et agisse en conséquence, afin que nous
changions d’échelle. L’objectif de cette « grande transition de l’humanité » est d’organiser sereinement, sans conflit ni violence, de nouvelles manières de vivre ensemble, que nous pourrons choisir collectivement.
Un grand merci à Pascale Repellin et à l’équipe d’Alterre BFC !
Le numéro 81 de Repères est trouvable ici.
J’ai pu ajouter quelques explications complémentaires dans certains articles, que je vais compiler, en voici quelques extraits :
- Transition éducative, liée aux diverses formes de formations :
il existe dans le monde plusieurs propositions d’alternatives aux systèmes d’éducation et de formation choisis par la plupart des sociétés.
L’ONG REEVO travaille à les faire connaître et évoluer.
- Transition laborale :
Les transformations en cours de nos sociétés vont nécessairement s’accompagner également d’une remise en question de nos manières à la fois de produire des biens et des services, mais surtout de nos propres organisations individuelles et collectives afin de subvenir à nos besoins. D’où une remise en question de l’hyper-consommation unanimement constatée, inutile et dangereuse pour l’humanité comme pour la planète.
Mais surtout, cela nous amène à opposer la notion de travail (associé à la douleur, à la souffrance du tripalium latin = trois pieux, https://www.cnrtl.fr/etymologie/travail) à celle d’activité, délibérément choisie, organisée, de manière à subvenir aux besoins d’une communauté, et non imposé dans un système de location d’une force de travail.
« Laboral » est un emprunt à l’espagnol, utilisé comme adjectif du terme travail, ce qui n’existe pas en français. Par exemple « reforma laboral » va se traduire en français par « réforme du travail », où nous sommes obligés d’utiliser la forme nominale car l’adjectif n’existe simplement pas (tout comme on utilise la transition éducative et non pas de l’éducation).
La différence peut sembler dérisoire, il n’en est rien : il s’agit en effet de nommer la nature de ces diverses transitions, d’en désigner les divers aspects. Nous insistons d’une part sur leS transitionS, multiples et fondamentales, et de l’autre sur le fait que ce sont des changements de paradigmes fondamentaux.
Ainsi, il ne s’agit pas ici de « transition du travail », car cette expression ne contient intrinsèquement aucune remise en cause des représentations organisationnelles, sociales, psychologiques, culturelles et économiques associées au concept de « travail », qu’il faut donc remplacer par son adjectif, afin de se repositionner sur la transition qui concerne l’activité, fondamentalement.
Nous ne pouvons pas non plus utiliser la formule de « transition active » qui s’éloigne du sujet visé !
Ces transitions s’inscrivant nécessairement dans un contexte mondial, l’utilisation de l’adjectif espagnol, qui revient in fine à un emprunt au latin « labor » qui a donné par exemple labeur et dont la définition est très proche de celle de travail dans sa pénibilité (https://www.cnrtl.fr/definition/labeur).
Il s’agit donc ici de signifier qu’un changement de paradigme est en cours, entre la vision du travail telle que développée dans une vision hiérarchique, et des modèles fondés sur l’activité nécessaire à des communautés, condensée, latérale et collectivement organisée.